Sabine de Courtilles

Je suis née à Limoges d’une mère artiste qui faisait tout avec aisance, presqu’en jouant.
Un jour elle me tend un pinceau. Le dessin était bon. Tiens donc. Je crois que j’avais 30 ou 35 ans.
Le jour où j’ai attrapé la terre et lâché le crayon, j’ai su. 

Première expo en 2006 = 30 œuvres en bronze et pierre. Même chose deux ans plus tard et ainsi de suite depuis 12 ans.
J’ai cherché ma force en taillant la pierre. J’ai tapé comme une brute.
J’ai couru les forêts à la recherche de bois particuliers, ceux presque morts fracassés par la tempête de 1999,
j’ai coulé de la cire souple et chaude, récolté du polystyrène abandonné sur les chantiers de construction.

Accrochée à mon bloc, couteau, marteau, scie en main, j’entaille.
Comme le soc de la charrue laboure en profondeur la terre, ce qui m’intéresse, c’est ce qu’il y a à l’intérieur.

J’aime la matière, les artisans qui la travaillent, ceux qui font de leurs mains, les patients qui oeuvrent avec précision.

Comme eux, j’aime le silence de l’atelier et le bouillonnement de la fonderie.